Vue de l'entrée du musée de la Vie Romantique, rue Chaptal (9e arrondissement) |
Une volée de
marches nous permet de pénétrer dans l’univers intime de l’écrivain ;
écrin frais à l’ombre des acacias et l’un des derniers exemples de maisons
d’artistes construites sous la Restauration et la Monarchie de Juillet. Tandis
que le rez-de-chaussée est consacré aux souvenirs, meubles, bijoux et portraits
d’Aurore Dupin – le nom de ville de George Sand – et de sa famille, les étages
supérieurs se parent des œuvres de l’artiste Ary Scheffer et d’autres
romantiques. On y apprend pêle-mêle les origines royales de l’écrivain -
descendante directe de Maurice de Saxe, Maréchal de France, et dont la
grand-tante n’est autre que Marie-Josèphe
de Saxe, mère de Louis XVI – sa passion pour les joyaux, l’extrême finesse des
doigts de Chopin, la captivante, mais néanmoins morbide, mode des bracelets
tressés en cheveux naturels, et bien d’autres choses encore.
Jean Masse, Tabatière du maréchal de Saxe |
On y découvre
aussi la surprenante technique picturale dite « de la dentrite »,
très appréciée de George Sand et de son fils, Maurice ; technique que la
romancière rebaptisa « l’aquarelle à l’écrasage ». La couleur est
déposée au pinceau sur le papier avant d’être pressée, encore humide, avec une
feuille absorbante pour obtenir des taches aléatoires. George Sand dira
que « cet écrasement produit des nervures parfois curieuses. [Son]
imagination aidant, [elle] y [voit] des bois, des forêts ou des lacs, et [elle]
accentue les formes vagues produites par le hasard ». Une fois déterminé
le sens qu’elle souhaite donner aux formes qu’elle y lit, elle travaille
ensuite certaines lignes à l’aiguille et
à la plume, avant de rehausser ce paysage de couleurs douces aux
tonalités froides à l’aquarelle.
George Sand, Paysage |
L'ancienne atelier d'Ary Scheffer accueille aujourd'hui un salon de thé, à l'ombre des acacias. |
Si le cœur vous
en dit et que vous vous sentez capable d’attendre un certain temps à l’ombre
des acacias, le temps peut-être de vous remettre de cette formidable immersion
dans le Paris artistique du début du XIXe, on ne saurait que trop vous
conseiller de rester prendre un thé dans le jardin du musée, bien à l’abri d’un
rideau de roses trémières et de fleurs en pot. Le temps de prendre des forces
avant de vous extirper péniblement et à regret de ce bout de campagne en plein
cœur de Paris pour retourner à l’agitation de la vie quotidienne. Un musée
incontournable pour ceux qui souhaitent remonter le temps du Montmartre
bohème !
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